Un 2e trimestre ferroviaire 2023 record, mais peut-on vraiment le fêter ?
La Litra a annoncé il y a deux jours une bonne nouvelle: le train a enfin dépassé le trou de la pandémie, et pour la première fois les chiffres de 2019 ont été battus. Ils sont disponibles sur leur site web.
Mais peut-on vraiment fêter ces chiffres ? L'autre réalité est que le nombre de personnes-kilomètres (Pkm = nombre total de kilomètres parcourus par les client.e.s) stagne depuis l'année 2010. Ces chiffres sont absolus (5,6 milliards de Pkm en 2023), c'est-à-dire qu'ils sont sensibles à une augmentation de population. On constate donc que la légère augmentation depuis 2010 est avant tout expliquée par la croissance de la population sur la période 2010-2019 (+800'000 habitant.e.s). Ce phénomène de stagnation du rail est d'autant plus inquiétant qu'il succède à une décénnie de réussite de Rail 2000, qui avait été marqué par une croissance plus faible de la population (seulement +600'000 habitant.e.s).
Le manque à gagner financier pour les compagnies de transport, par exemple les CFF, ainsi que pour l'environnement, par une opportunité ratée de réduire l'impact environnemental, est immense, et est visible par le triangle rouge sur le graphique.
Les chiffres publiées par la Litra sont rassurants, mais ils ne sont pas encore la fête. Il n'est à pas douter qu'un changement de stratégie est nécessaire. La politique des petits pas coûte plus chère, et est moins efficace que les grands projets délivrant un maximum de potentiel, à l'image de Rail 2000 ou des NLFA.
Graphique : Office fédéral de la statistique
Couleurs : SwissRailvolution