L’histoire démontre que la réalisation de projets ferroviaires d’envergure se base sur des visions, des rêves, de ténacité et de courage. Celle du CEVA devenue Léman Express le démontre. En tant que co-fondateur de l’Association lémanique pour la promotion du rail (alprail), dont il devient le premier président de 1993 à 2004, Sigurd Maxwell en est un exemple. Après ses premières années scolaires en Rhénanie, dans les secteurs français et américains de l’Allemagne d’après-guerre (RFA), Sigurd passe trois ans de sa scolarité secondaire bilingue à l’école internationale de Genève avant de retourner en RFA où il passe sa maturité. A l’âge de 21 ans, il revient à Genève, où il obtient en 1969 un diplôme en biologie humaine à l’Université et débute dans l’enseignement secondaire pour enseigner la biologie, l’allemand et l’anglais à temps partiel, ce afin de s’occuper de navigation maritime côtière en catamaran. Il se fait naturaliser Suisse en 1986.
De 1986 à 1989, Sigurd suit une formation continue en didactique des sciences suivie d’une année sabbatique aux USA dans le domaine des sports d’endurance. (Il court le New-York City Marathon en 3h35’)
Et éclate la question ferroviaire, le CEVA…
De 1991 à 1995, Sigurd est conseiller municipal à Thônex. Une période difficile dans cette commune située sur le tracé ferroviaire, où les partis plutôt conservateurs et autres milieux sont opposés majoritairement au projet CEVA. Il n’a aucune expérience professionnelle dans le domaine ferroviaire, mais il va s’investir corps et âme pour cette cause. « ALP-Rail » est fondée en 1993, année où l’État de Genève planche sur un métro léger « TCSP », Transport en Commun en Site Propre qui devrait prendre la place des rails entre Annemasse et Eaux-Vives. Sigurd et ses compagnons vont s’y opposer de toutes leurs forces.
Afin d’avoir plus de temps pour s’engager en faveur de la promotion du rail transfrontalier, il se retire du Département de l’instruction publique en 1999. Sa persévérance va porter ses fruits cette même année, lorsqu’après avoir rencontré le Conseiller fédéral Moritz Leuenberger, il obtient une confirmation officielle de la validité d’un papier vieux de presque cent ans : la convention pour la liaison Cornavin – Eaux-Vives – Annemasse est valide ! La Confédération est donc d’accord de payer sa part, ce qui renversera de manière décisive la majorité politique en faveur du CEVA. Le TCSP a perdu la bataille…
Auréolé de cette victoire, il assure de 2001 à 2004 un mandat du Conseil d’Etat dans le domaine « du développement des infrastructures de transport liés au raccordement ferroviaire Cornavin-Annemasse via la Praille – les Eaux-Vives, en relation avec le projet de loi du concernant le financement la part genevoise du projet pour un montant de Fr. 400’800.00.- »
Scientifique, il s’engage après 2005 pour l’avancement de projets de production d’énergie et d’hydrogène solaire.
Sans doute, la biographie de Sigurd Maxwell avait-elle fait de lui un visionnaire qui dépassait les frontières, un scientifique qui tenait aux faits et un sportif qui relevait les défis avec endurance, une personnalité d’un caractère fort et déterminé.
Il y a 20 ans, en novembre 1999. ALP-Rail déposait une pétition auprès du Parlement genevois. A cette occasion, Sigurd Maxwell déclarait, alors encore visionnaire pour plus d’un, « Je crois que nous avons la responsabilité civique de démontrer les effets bénéfiques du rail sur l’économie, le milieu socio-économique et l’environnement ».
B.S. / décembre 2019